jeudi 16 décembre 2010

Les Coloriés, Alexandre Jardin

Mais ma déséducation ne progressa vraiment que parce que j'appris à jouailler avec les mots dans les colonnes de notre gazette. La plume à la main, je me désâgeais pour plaire à Dafna, patamodelais avec rage mon nouveau tempérament, me récréativais d'imaginaire, me vacançais en loirant sans vergogne. Après avoir savouré un Baiser de Maman au Miel, je me doigtsuçais en rêvant de marmailler Dafna qui, j'en étais certain, serait bientôt ronde de moi! Elle me monopolisait infiniment, vous l'avez saisi. Point n'est besoin d'empanacher mon style pour claironner que je n'avais de cesse de l'embuscader de baisers, de la provocater à des jeux divers, de l'esbroufer de câlins. Ce festoiement verbal faisait de nos parleries quotidiennes un ravissement. En retouchant mes vieux mots de Culotté, en culbutant nos substantifs (pour les pervertir en verbes) et notre conjugaison (pour la dérider), j'établissais avec mes nouveaux compatriotes cette connivence qui rend la dérision plus efficace, la joie de sabirer plus complète.
En un mot, je me coloriais

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